Seul Contre Tous
Quatre ans après Carne, Gaspar Noé réalise la suite qui se regarde de façon indépendante. Œuvre déconcertante, Seul contre tous, salué par le Prix de la semaine de la critique au Festival international de Cannes 1998, est l'histoire d'un homme seul, malmené par la vie et de son rapport incestueux avec sa fille muette.
" «Chacun sa morale», on ne l’entend pas tellement en fait, on entend beaucoup plus: «Chacun pour soi» ou «Chacun sa merde». Quand tu commences à t’engueuler avec quelqu’un au sujet d’un film, souvent on dit: Chacun son point de vue et c’est une manière de dire «Chacun a sa vision.» C’est une manière du style «Si je continue à m’affirmer et si tu continues à t’affirmer, on va s’engueuler.» «Chacun sa morale» c’est un peu comme «Chacun son point de vue.» Mais la morale, quand les gens manquent d’arguments pour te casser un film, souvent le truc le plus con qu’on puisse te dire c’est: «Ce film n’est pas moral.» Tu as l’impression qu’on attend d’un réalisateur qu’il soit un curé qui détermine où sont les démons et où sont les anges et dans la vie je n’ai jamais croisé de démons, je n’ai jamais croisé d’anges. Tu as juste des gens qui essaient de survivre. Je n’ai jamais eu l’intention de faire un film moral, j’ai juste eu envie de faire un film qui soit utile à l’ensemble, qui soit utile à l’individu à titre personnel et qui puisse te permettre de jouir de la vie"